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Ascète

Un ascète, c'est quoi ?

Nous sommes beaucoup à penser qu'un ascète est un être farouche vivant nu dans la nature, se nour­rissant exclu­si­vement de feuilles d'arbres et de crottes d'oiseaux,

et s'infligeant des souffrances physiques de toutes sortes, croyant que de tels exercices peuvent purger son esprit, le conduisant à de hauts états spirituels. Bien rares sont les ascètes vivant ainsi, mais ce tableau est si fascinant qu'on en a fait une idée toute préconçue.

Ce type d'ascèse est un extrême qui, tout comme l'autre – recherche du luxe et du confort – demeure très éloigné de la sagesse, puisque celle-ci ne se développe que dans une attitude de modération.

Une ascèse juste est donc une ascèse raisonnable ; renoncer au monde, adopter une discipline stricte et limiter ses affaires à presque rien ne signifie ni oppression ni extrême. Bouddha, qui prêchait sans cesse la “voie du milieu”, a également enseigné – en marge du vinaya (discipline monastique) – des pratiques ascétiques pour ses disciples moines.

Néanmoins, elles n'étaient recommandées que pour ceux qui pouvaient aisément les observer. Cela dit, la vie monastique – si elle est authentiquement vécue – est déjà une forme d'ascèse.

Un ascète est avant tout un renonçant, c'est-à-dire un individu qui, à l'instar des moines, renonce au monde et à ses sensations pour se consacrer pleinement au développement spirituel. Disons que ce que nous appelons communément “ascète” est un renonçant qui n'appartient pas à une communauté monastique. Certains ascètes vivent en groupe, d'autres préfèrent rester seuls. L'ermite est aussi un renonçant, mais à l'inverse des moines et des ascètes, il évite tout contact humain ou se limite au minimum.

L'ascèse consiste donc à se défaire de tout ce qui n'est pas indispensable et de tout ce qui entrave le développement de la méditation, tout en adoptant un comportement aussi pur que possible. Selon son degré de dé­ta­che­ment, on peut vivre aisément avec presque rien. Un chemin bien dégagé se parcourt aisément et rapidement (comme l'autoroute A7, ou l'A16). Telle est l'une des principales idées de l'ascèse : le moins de choses pour le plus de clarté sur la voie de la sagesse.

L'ascète doué de sagacité accepte plei­ne­ment chaque situation, évitant confort et diversion, mais aussi oppression et pri­va­tions lésantes et nuisibles.

 Quel genre d'A7 suis-je ? 

En tant qu'individu aspirant à renoncer à tout, je me moque d'être mis dans une catégorie, ou dans aucune catégorie. Néan­moins, comme il est commode de fournir des appellations, on peut parler de – facile à retenir mais à ne pas prendre trop au sérieux :

ABCDEF : Ascète Bouddhiste Cultivant le Dhamma en Europe Francophone.

Par “cultiver le Dhamma”, je ne prétends pas être un enseignant qualifié, loin s'en faut, mais disons plutôt que j'essaie de partager mon expérience, surtout à travers internet, sur des sites comme celui-ci, ou de livres et de films.

Il m'arrive de rencontrer des pratiquants du Dhamma ou de diriger une petite retraite méditative, mais je suis beaucoup plus à l'aise à l'écrit qu'à l'oral, ce qui explique pourquoi je passe plus de temps devant un écran que devant un public.

 Une discipline sur mesure 

La vie ascétique peut se baser sur l'ob­ser­vance de très nombreux points. Dans tous les cas, il me semble que tout ascète (de quelle tradition que ce soit) observe les pré­ceptes basiques (honnêteté, non-vio­lence, chasteté, restreinte de la nourriture…) et élimine de son existence tous les points faisant obstacles à la vie contem­plative tels que ne rien avoir à gérer, pas même une résidence, éviter tout confort, tout bavar­dage, ne pas posséder plus d'affaires qu'il ne puisse aisément trans­porter, demeurer dans la solitude, etc.

Il me paraît judicieux de suivre une discipline quotidienne non figée et de l'adapter selon le conditionnement : religion, région chaude ou froide, période de médi­ta­tion ou d'écriture, etc. Ce mode de vie est donc plus ou moins strict, selon les situ­ations.

Attention, toute inspirante puisse-t-elle être, l'ascèse que j'observe n'est pas un idéal à suivre. C'est un choix bien personnel et que je n'aurais sans doute pas été en mesure de l'adopter sans m'être d'abord entraîné à la vie monastique pendant plus de 16 ans au total.

 La robe ascétique 

En Birmanie, je porte une robe marron comme du chocolat, plus courte que celle des moines et un turban court qui permet – en particulier selon la culture birmane – d'identifier un ascète. Le turban permet aussi d'être protégé du soleil ou du froid. Il peut aussi être utile pour être bandé autour des yeux afin de faciliter la méditation dans les lieux forte­ment éclairés.

En terre occidentale, je m'habille comme un laïc, de façon à passer inaperçu dans une société où les renon­çants dans leur tenue habituelle seraient vus comme des “échap­pés des maisons”. Je limite toutefois la couleur de mes vêtements au "marron chocolat" et n'accepte pas de neuf. Bizarre pour un ascète d'être en pantalon et chemise ? Mais… l'habit ne fait pas l'ascète, n'est-ce pas ?.

Voir aussi :

À propos de isi Dhamma