+ de lucidité pour + de liberté
> s'améliorer > le mensonge
14 min.
Sur cette page...

Ce que nous devrions savoir sur le men­songe et ses innom­bra­bles incon­­vé­­nients.

Les divers types de mensonges expli­­qués en détail.

Un chapitre sur la plaisanterie, un sur la poli­tesse, des exem­ples, et enfin le plus subtil des men­teurs : le mental !

Suggestion pour une lecture efficace
Imaginez, vous n'êtes pas sur le Web : effec­tuez des pauses, prenez le temps de réfléchir…

Le mensonge

La saleté intérieure

Gains et pertes

Nous mentons pour gagner un avantage ou éviter un désa­van­tage. Pour­tant, les retom­bées finis­sent par coûter plus cher que le gain ini­tial.

De plus, le mensonge nous interdit l'accès aux bienfaits insoup­çon­nés de l'honnê­teté.

Avant de commettre un mensonge, nous devrions bien réflé­chir à cela : on est le prin­ci­pal esclave de ses pro­pres men­songes. Et si un ins­tant suffit pour accom­plir le men­songe, son escla­vage peut durer longtemps.

Si vous êtes né(e) et vivez dans un monde de men­teurs, sachez que mentir n'est pas une chose nor­male, mais bel et bien nocive, même à “petite dose”.

Précision

Ce site n'a aucune vocation à moraliser, il ne fait que suggérer et expli­quer. L'idée, c'est qu'en arrivant au bas d'une page, vous béné­fi­ciez d'infor­ma­tions qui vous donnent matière à ré­flexion.

Métaphore de l'allumette

Une allumette peut suffire à embraser une forêt entière.

De même, un seul mensonge bénin peut suffire à saccager la con­fiance d'une foule entière.

Kassinou le détracteur

Faut pas exagérer, un petit mensonge, une fois comme ça, ce n'est pas grand chose !

Métaphore du petit trou

Même minuscule, un trou dans la coque d'un bateau est suffi­sant pour laisser l'eau l'en­vahir et le faire couler.

Certains pensent qu'il est normal de mentir parce que “tout le monde le fait”.

Coluche a dit :
Ce n'est pas parce que tout le monde a tort qu'il faut croire qu'ils ont raison.

Là est typiquement le problème de la norme, qui ne signifie pas ce qui est convenable, mais : ce que tout le monde fait. À cer­taines époques, il était par­fai­tement normal de posséder des escla­ves qu'on mal­trai­tait.

On s'habitue parfois tellement au mensonge qu'on n'a même plus conscience de ses consé­quences :

  • se couvrir à l'aide de nouveaux mensonges
  • se justifier continuellement
  • perdre la confiance des autres
  • acquérir une mauvaise réputation
  • etc.

Et le karma ?

Aussi, à l'instar de tout autre acte nuisible, après un men­songe, un jour ou l'autre, on devrait iné­vita­ble­ment subir un désa­gré­ment équi­va­lent. Et malheu­reu­se­ment, il ne suffit pas de ne pas y croire pour s'af­fran­chir de cette loi natu­relle. Faire aux autres serait donc se pré­parer à rece­voir la même chose.

Le pire résultat du mensonge

Selon moi, le pire de tous ces inconvé­nients – pire que le retour karmique – est immé­diat et constant. Le pro­blème est qu'on ne le voit pas, mais les autres le sentent (en par­ti­culier ceux qui sont propres) : un état de saleté inté­rieure.

On dégage alors une énergie négative qui dit « Méfiez-vous ! », même quand on décide d'avoir de bonnes inten­tions. C'est l'ex­pres­sion de la saleté inté­rieure.

En outre, on ne peut plus accorder sa confiance à qui­conque. Pro­je­tant notre saleté sur tout le monde, nous ne distin­guons pas ceux qui sont propres.

Rien n'est plus laid que la saleté inté­rieure. À l'in­verse, rien n'est plus beau que la pro­preté inté­rieure.

Histoire sur l'honnêteté

Un prêtre était tellement saint qu'il ne pensait jamais de mal de per­sonne. Une fois où la commu­nau­té marquait un jour de jeûne et d'absti­nence, il vit à sa grande sur­prise un jeune membre de la pa­roisse en train de dévo­rer un steak à la ter­rasse d'un res­tau­rant.

  • J'espère ne pas vous avoir scandalisé, mon Père, dit le jeune avec un grand sourire.
  • Oh, je suppose que vous aviez oublié que c'est aujour­d'hui jour de jeûne et d'absti­nence ?
  • Non, non, je m'en suis souvenu.
  • Alors, vous êtes malade et votre médecin vous a dit de manger pour prendre des forces ?
  • Pas du tout. Je me porte comme un charme !

Le prêtre leva les yeux au ciel et dit :

  • Quel exemple nous donne cette nouvelle généra­tion, Sei­gneur ! Voyez comment ce jeune homme admet ses fautes plutôt que de mentir ?

En plus d'être nuisible, le mensonge nous ferme les portes à des avan­tages infi­ni­ment plus grands que les gains minables que nous pico­rons à travers son usage. Tout indi­vidu inté­ressé par l'accom­plisse­ment spi­ri­tuel se doit de savoir que l'honnê­teté est la pre­mière porte d'en­trée du monde de la sagesse.

Kassinou le détracteur

Mais des fois, on n'a pas le choix !

Obligé de mentir ?

On a toujours le choix

Quand on est pris dans un tourbillon de mensonges, ce peut-être effec­tive­ment très diffi­cile de s'en sortir. Néan­moins, au début, avant que le pre­mier souffle ne devienne tour­billon, on a tou­jours le choix !

Proverbe français
Qui sème le vent récolte la tempête.

Un mensonge peut en cacher d'autres

L'un des vices du mensonge, c'est de le croire seul, alors que souvent, il en en­traîne avec lui tout un ba­taillon, selon un effet boule de neige.

  • Pourquoi t'es pas venu travailler, aujourd'hui ?
  • J'étais trop malade.
  • Ah bon ? Alors qu'est-ce que tu faisais en ville, cet après-midi ?
  • J'ai dû aller m'acheter des médocs.
  • Pourtant je t'ai vu entrer dans la salle de jeux.
  • Ah ouais, mais ça, c'était parce que… Heu…

Pour qui a déclenché une cascade de tempêtes, le meilleur moyen de s'en sortir, c'est sim­ple­ment d'avouer sa faute. Le ciel s'éclair­cit d'un coup, et géné­rale­ment, c'est bien apprécié. Certes, la colère d'appren­dre le men­songe tend souvent à prendre le dessus, mais “qui paye ses dettes s'enrichit”, n'est-ce pas ?

Les prétextes

À l'inverse des convictions de beaucoup de gens, il n'existe pas de bonne raison de mentir. Toute­fois, il serait cer­tai­ne­ment aussi natu­rel que par­don­nable d'avoir recours au men­songe si c'est le seul moyen de sauver une vie ou une chose impor­tante, comme une maison (qui abrite une famille, par exemple). Mais honnê­te­ment, avez-vous souvent fait face à une telle situa­tion ?

Des exemples de prétextes types de men­songes seront exp­li­qués plus bas (dans le chapitre “Toujours la vérité !”)

Le mensonge forcé

Nous pensons des fois qu'il est difficile de se forcer à ne pas mentir. Ce peut-être pire encore, lorsque ce sont les autres qui nous forcent au mensonge.

Ne l'entendez-vous pas quasi quoti­di­enne­ment, celle-ci ?

  • Si jamais, t'auras qu'à dire que tu savais pas !

Dans le feu de l'action, nous pouvons ainsi nous retrou­ver – plus ou moins vio­lem­ment – incités, dans une atmo­sphère de chan­tage, surtout dans le cadre d'un men­songe collec­tif. Pour rester propre, il im­porte donc de savoir faire preuve d'une redou­table auto-dis­ci­pline.

Le mensonge par omission

Il s'agit de dissimuler une information dans le but de tromper. D'au­cuns croient que le fait de ne pas vouloir répondre à une question est un men­songe par omis­sion. Si vous ne répon­dez pas à un incon­nu qui vous demande votre numéro de télé­phone ou le code de votre carte ban­caire, vous n'êtes pas un(e) men­teur(euse) !

Le silence (taire une information) est un mensonge par omis­sion seule­ment dès lors que nous savons qu'il peut induire une consi­dé­ra­tion incor­recte.

Le mensonge par omission selon Cicéron

Cicéron donne l'exemple du bateau chargé de céré­ales qui arrive dans une ville où il y a famine. Le capi­taine sait que d'autres navires le suivent en grand nombre. Cicéron déclare mora­le­ment inac­cepta­ble de cacher cette infor­ma­tion aux habitants, dans le but, par exem­ple, de vendre ses céré­ales plus cher en lais­sant per­durer la crainte de pé­nurie.

Le mensonge par omission est une pratique prisée des mani­pu­la­teurs (souvent dans la poli­tique et les médias). Ceux qui s'y adon­nent par­vien­nent parfois à gagner gros. Ce qu'ils igno­rent, c'est qu'ils fini­ront par perdre plus qu'ils ne gagnent. Toute dette finit inévi­table­ment par être rem­boursée un jour l'autre.

Même si les men­songes de l'un d'eux restent inconnus, ces actes sont chargés d'éner­gies nui­sibles qui créent un malaise cons­tant (en dépit des appa­rences). Aussi, toute cette néga­tivité rend son esprit si en­crassé que son mental ne pourra faire autrement, dès que les occa­sions se pré­sen­te­ront, de tomber dans un engre­nage de situa­tions où il subira ce qu'il avait lui-même fait subir.

L'acte lui-même contient la graine de la con­sé­quence. Le karma n'a rien de si “magique”, bien qu'il em­prunte souvent des chemins bien trop com­plexes à appré­hen­der.

Le marketing

Est-il vraiment nécessaire d'aborder la question du men­songe dans le domaine de la vente et de la publi­cité ? Pour les passion­nés, il me semble que de nom­breux sites en par­lent déjà fort bien.

Je me contenterai de mentionner un exemple cu­rieux, à propos de Confucius – très à cheval sur le mensonge –, qu'il ne cessait de réprou­ver. Il esti­mait toute­fois qu'on devait le tolérer pour les mar­chands, sans quoi ceux-là ne pour­raient pas gagner leur vie.

La plaisanterie

Il convient de différencier la blague de la farce.

La blague

La blague, si elle ne se destine qu'à faire rire ceux qui l'en­ten­dent et qu'elle ne com­porte aucune méchan­ceté à l'égard de quelle caté­gorie de per­sonnes que se soit, alors elle peut être bonne à dire.

Exemple de plaisanterie inoffensive

– On a beaucoup écrit sur mon fils.
– Ah, il est connu ?
– Non, il est tatoué.

La farce

La farce, si elle comporte un mensonge – même de très courte durée –, sera plutôt à éviter, surtout si elle n'amuse pas la vic­time. En principe, une farce engen­dre une émo­tion néga­tive.

Exemple de plaisanterie nuisible

– Je suis désolé… ton mail où tu me dis tout ce que tu penses de la patronne, il lui a été tran­sféré par erreur…
– Quoi ?? Mais alors… Ma carrière est fichue ! Il faut que je l'appelle sur le champ… Mais je ne sais même pas quoi lui dire…
– Ah ah ah, tu m'as cru ! Ben quoi, ça te fait pas rire ?

Même si la chute apporte immédiatement le soula­ge­ment, le choc qui l'a précédé peut être intense. Croyant plai­san­ter gaie­ment, le far­ceur peut ainsi générer beau­coup de néga­ti­vité, donc des dettes signi­fi­ca­tives.

Exemple célèbre

« Regardez, frère Thomas, il y a un bœuf qui vole ! »

dirent à Thomas d'Aquin deux novices, ravis de le voir aller à la fenêtre pour observer un fait si peu habituel.

L'intéressé se contenta d'affirmer :

« J'eus été moins surpris de voir un bœuf voler qu'un religieux mentir ».

La protection des gens honnêtes

Si vous êtes quelqu'un d'honnête, vous devez avoir cette pro­tec­tion, une crainte de mal faire (prenant parfois la forme de honte), qui se traduit par une sen­sa­tion désa­gré­able (assez simi­laire à la peur), comme quand vous vous apprê­tez à faire quelque chose de pas très correct.

Astuce

Si, quand vous vous apprêtez à dire ou faire quelque chose, vous sentez votre cœur en proie à une tension liée à votre inten­tion, consi­dérez cela comme un “panneau sens interdit”.

Le faux mensonge

Si (comme on le fait souvent sur le ton de la plai­san­terie) vous émettez une affirmation clai­re­ment fausse, donc il est évi­dent que ceux qui vous écou­tent se doutent bien qu'elle est fausse, commet­tez-vous un mensonge ?

Exemple d'une affirmation volontaire­ment fausse

« Je mange un éléphant tous les matins au petit-déj' ! »

Votre interlocuteur n'imaginera certaine­ment pas que chaque matin, vous décou­pez un pachy­derme en mor­ceaux, que vous mettez le tout dans une gigan­tesque marmite pour le cuire et le dévorer inté­gra­le­ment, puis que, pour le coup, vous devez dis­poser d'une sacrée réserve d'ivoire ! Si vous pensez que, parmi ceux qui vous écoutent, personne n'est suffi­sam­ment naïf pour le croire (comme un enfant), il n'y a pas de mensonge.

Important

Une connaissance précise des diffé­rents types de mensonge n'apporte aucune vertu. C'est comme la disci­pline monas­tique : certains moines la connais­sent par cœur, ce qui ne les empêche pas d'adopter une conduite fort peu vertu­euse. Cette connais­sance théorique de la vertu peut même les aider à contour­ner des interdit. Au mieux, ils suivent des règles aveu­glé­ment, sans connaî­tre leur état d'esprit.

Moine ou pas, le seul moyen d'amé­liorer notre vertu est de sonder régu­liè­re­ment notre état d'esprit. Avant une parole ou une action, nous restons vigi­lants à notre réelle intention.

L'antidote au mensonge n'est donc ni l'étude, ni la réflexion. C'est la vigi­lance cons­ciente. Quand on voit ce qui est salis­sant, on ne veut plus salir.

Autres types de mensonges

Les promesses

Faire des promesses est le signe évident d'un manque de sagesse. Nul n'est jamais en mesure de prédire avec cer­ti­tude ce qu'il va se pro­duire dans le futur. De ce fait, même avec la meil­leure volon­té du monde, nous ne sommes jamais sûrs de pouvoir honorer une pro­messe. Si les évé­ne­ments nous forcent à manquer à une promesse, nous nous retrou­vons dans une posi­tion semblable à celle d'un menteur. La pro­messe est comme un men­songe fait en avance.

Nous pouvons aussi remarquer qu'en géné­ral, ceux qui font le plus de pro­messes, ce sont ceux qui en brisent pro­por­tion­nel­le­ment le plus (quand bien même les évé­ne­ments étaient favo­rables pour les tenir).

Dans tous les cas il est donc mieux de ne rien pro­mettre, et de faire ce qu'on peut. Si on peut, la surprise sera bonne ; si on ne peut pas, il n'y aura ni déshon­neur, ni déception.

L'exagération

S'il s'agit d'une façon de parler com­prise par tous, ce n'est pas un men­songe. Exemples :

  • Je suis congelé.
  • Tu vas te faire tuer par ton père.
  • Dans cette école je n'ai rien appris.

Vous l'avez compris, l'exagération est un men­songe seule­ment lors­qu'elle est prise pour argent comp­tant.

La vantardise

La vantardise pousse à l'exagération, à la défor­ma­tion, à montrer ce qui n'est pas, donc au men­songe. Même une van­tar­dise non verbale est une trom­perie.

La fausse humilité

C'est le même problème que la vantardise, à la seule diffé­rence que le proces­sus est inversé. L'humi­lité n'est qu'une forme d'or­gueil, dès lors qu'il s'agit d'un sen­ti­ment conscient :

  • Moi, je suis humble !

Si l'on cherche à montrer qu'on est humble, c'est bien la preuve que c'est faux !

Le mensonge par l'action

Contentons-nous d'un petit exemple expli­catif :

Faire semblant de boiter pour échapper à une corvée.

Le mensonge par les apparences

Les manières de mentir par les appa­rences sont aussi variées que les manières de se mettre en valeur phy­si­que­ment : les vête­ments, le ma­quil­lage, les expres­sions du visage, la façon de marcher, les com­por­te­ments, etc.

Il va sans dire que, pour le déguise­ment, ne mentent que ceux qui l'em­ploient dans le but de trom­per. Si vous vous déguisez en Cléopâtre, il est peu pro­bable qu'on aille penser qu'il s'agisse de la vraie. Par contre avec un simple habit, une cra­vate ou ne serait-ce qu'un badge, on peut mentir. C'est le cas dès que nous arborons un vête­ment ou un acces­soire dans le but que d'au­tres pensent que nous appar­tenons à une caté­gorie (classe sociale, profes­sion, entre­prise, club…) à la­quelle nous sommes étrangers.

Dicton
Si les escrocs présentaient des têtes d'escrocs, ils ne pourraient pas faire ce métier.

Exemple classique de mensonge par l'apparence : être sen­sible et paci­fique, mais revê­tir un aspect qui évoque le dan­ger.

Recette pour se protéger

Ingrédient à proscrire : une carapace de “dur(e) à cuire”. Elle n'effraiera que des inoffen­sifs et au con­traire atti­rera des indi­vidus vio­lents.

Ce qui attise ou adoucit la violence, c'est essen­tiel­lement la qualité de l'esprit.

Préparation de la sécurité : pour con­cocter la plus effi­cace des recettes de la sécu­rité, déversez toute la bien­veil­lance et la gra­titude dont vous dis­posez, et versez-les dans un esprit que vous aurez pris soin de nettoyer de tous pré­jugés. Déli­catement, répan­dez leur parfum tout autour de vous. Laissez conti­nuelle­ment croître à feu doux.

Pour la réussite de cette prépa­ration, il im­porte de faire goûter les qualités d'esprit obte­nues à chaque per­sonne ren­con­trée, considérant chacune d'elles comme votre meilleur(e) ami(e).

Vous jouirez alors d'une pro­tec­tion dont vous cons­tate­rez une réelle supé­rio­rité comparée à la plus épaisse des armures.

Vous comprendrez que seul, l'atta­che­ment à des pensées néga­tives nous font nous sentir vul­né­rables. Et que seule la négativité en nous attire les néga­tivi­tés exté­rieures.

Aussi, nous sommes nombreux à croire – à tort natu­rel­le­ment – que les men­songes nous per­met­tent de nous pro­téger. C'est pour­quoi nous les cul­tivons tant et que nous les trou­vons autant nor­maux qu'indis­pen­sables, alors qu'ils n'ont d'autres effets que d'am­pli­fier la misère inté­rieure.

Sigmund Freud a dit :
Les hommes portent un épais manteau de men­songes pour se couvrir comme s'il fai­sait mauvais temps.

La fausse vérité

À l'instar du faux mensonge, il n'y a pas de mensonge à affir­mer une fausse vérité, c'est-à-dire une fausse information en croyant sin­cè­re­ment qu'elle est vraie.

Par contre, un mensonge salit l'esprit dès lors qu'il est énoncé, même si per­sonne ne le croit, car l'in­ten­tion est de mise.

Les jeux

Dans un jeu où il est admis par tous les joueurs de faire de fausses décla­ra­tions, celles-ci ne seront alors que de faux men­songes. Parce que tout le monde est averti, s'attend et accepte d'être trom­pé à tout moment.

Et dans une partie d'échecs, bien évidem­ment, vous ne commet­tez pas de men­songe par omis­sion, lors­que vous vous vous abs­tenez d'in­di­quer à votre adver­saire que, s'il ne dé­place pas son fou, vous êtes sur le point de pren­dre sa dame.

Les images

N'avez-vous jamais eu la pensée suivante, en visitant une région éloignée ?

  • Je suis un peu déçu, sur les photos du bouquin ça avait l'air quand même plus beau, plus authen­tique…

La tâche d'un photographe n'est pas de montrer simple­ment les choses telles qu'elles sont. il cherche au contraire à mettre en relief les aspects esthé­tiques de façon aussi attra­yante que possible. La photo­gra­phie ment, mais le photo­graphe n'est pas un menteur pour autant, car il cherche à plaire (ou à susciter cer­taines émotions), non à tromper.

Autres

Bien sûr, il existe encore d'autres sortes de men­songes, mais disons que cette page est déjà bien assez longue…

Sacha Guitry a dit :
L'un des mensonges les plus fructueux, les plus inté­res­sants qui soient, et l'un des plus faciles en outre, est celui qui con­siste à faire croire à quelqu'un qui vous ment qu'on le croit.

La politesse

Dans toutes les cultures, les codes de poli­tesse sont faits de dires et de com­por­te­ments qui peu­vent façon­ner, selon la situa­tion ou l'état d'esprit, de fré­quents men­songes.

Ces paroles et actes de savoir-vivre, qui se destinent prin­ci­pa­le­ment à adou­cir les choses et à se mon­trer plai­sants dans nos rela­tions socia­les, sont par­fois encli­nes à l'hypo­cri­sie. De toute évi­dence, c'est là plus une affaire d'état d'es­prit que des codes eux-mêmes.

Je ne doute pas qu'il soit possible, tout en se vouant à une par­faite sin­cé­rité, de briller de cour­toisie et de bien­veil­lance aussi pleines que l'exhorte la poli­tesse. Car après tout, la politesse s'ac­com­plit sur­tout dans le res­pect envers les autres. Et comment pourrait s'éveil­ler le res­pect si l'hypo­cri­sie est de mise ?

En découvrant le nouveau-né d'une amie, un visage défor­mé qui vous évoque un film d'épou­vante, ne vous sentez pas obligé(e) de vous exclamer :

  • Oh, quel magnifique bébé !

C'est certain, vous trouverez bien d'autres choses à la fois sin­cères et aima­bles à dire qui ravira votre amie.

François Gaston de Lévis a dit :
La rareté de l'or a fait inventer la dorure ; ainsi l'on rem­place la bonté par la poli­tesse, qui en a les appa­rences ; la vertu par l'honneur, qui en a l'éclat.

Et d'où vient donc ce mot ?

poli
Politesse tire en partie son étymologie de polir, qui signi­fie rendre doux, agréable. Cela veut-il dire que la poli­tesse est un polis­sage ex­terne pour ceux qui n'ont pas la capa­cité de se polir l'esprit ?
La politesse selon Montesquieu :
L'art de se passer des vertus qu'elle imite.

On a coutume de croire que sans la poli­tesse, la vie en commu­nauté est impos­sible. Le croyez-vous ?

Cependant, l'esprit honnête et ver­tueux peut vivre en har­monie avec son entou­rage sans avoir à user de la poli­tesse con­ven­tionnelle.

Un autre des avantages de l'esprit honnête et ver­tueux est de dis­tin­guer aisé­ment les per­sonnes à qui il peut – ou pas – accor­der sa con­fiance.

Pindare disait,
au Ve s. av. J.-C. :
Jamais les mensonges du fourbe ne trouvent crédit auprès de l'homme vertueux.

Si vous me permettez un dernier conseil sur la poli­tesse… Lorsque vous accueil­lez, aidez, saluez, répon­dez à quel­qu'un, ne dites ni ne faites rien dans l'idée que c'est exigé par la poli­tesse. Dites-le et faites-le avec le cœur, c'est-à-dire avec joie, dans le plai­sir de faire plaisir, avec la satis­fac­tion de saisir une oppor­tu­nité de récol­ter les déli­cieux fruits de la pré­sence et de la bien­veillance.

Et politesse ou non, rappelez-vous qu'on ne pourra jamais user d'une raison légi­time de vous blâmer lorsque vous vous abste­nez de mentir.

Kassinou le détracteur

Parfois, il y a quand même des cas où c'est mieux de mentir !

Toujours la vérité !

Si on exclut le cas exceptionnel du danger de mort, il n'existe rien qui puisse excu­ser le men­songe. Même si la vérité peut par­fois faire mal sur le moment, elle finit tou­jours par triom­pher, ne serait-ce qu'en con­tri­buant à façon­ner un esprit juste.

Diderot a dit :
Il n'y a aucun exemple que la vérité ait été nuisible ni pour le présent ni pour l'avenir.

Nul ne peut prévoir les pièges que cachent les men­songes et les bien­faits dont recèlent les vérités.

Vous êtes en ville avec un ami pour faire les maga­sins. Il essaye une paire de baskets, et vous demande comment vous les trouvez. Pour vous, elles sont tout bonne­ment horri­bles. Pour lui faire plaisir, vous pré­ten­dez qu'elles sont très bien. Il les achète, et plus tard, il ré­clame votre fran­chise et vous finis­sez par lui avouer votre vrai sen­ti­ment. Il est très fâché, car il ne les appré­cie guère non plus, et par-des­sus le marché, elles ont coûté cher. S'il a pro­cédé à l'achat, c'est parce qu'il s'était basé sur votre avis, croyant que vous saviez ce qu'il lui fallait.

Kassinou le détracteur

Et si t'as un gosse de 6 ans qui te montre ses pre­miers dessins et qu'ils sont affreux, là non plus tu ne men­tirais pas ?

À un enfant qui me montre un dessin qu'il a bâclé, si je dis

  • Oh, qu'il est beau, ton dessin !

je gagnerais sans doute un joli sourire, et le petit continuera à gri­bouiller gaie­ment son cahier à dessins jusqu'à la der­nière page. Seule­ment, voilà ce qui risque de se pro­duire par la suite…

  • un choc, quand toute sa classe se moquera de lui lors­qu'il exhi­bera fière­ment son “œuvre”
  • une grande déception quant à ses “talents”
  • une perte de confiance envers moi

À moins qu'il pense que je sois le seul au monde à avoir raison, ce qui ne ferait que pré­parer une bombe à retar­dement.

Un enfant a besoin d'encou­rage­ments, c'est indé­niable, mais je pense que non seule­ment il préfère la fran­chise – à l'ins­tar de n'im­porte qui –, mais il en a aussi besoin, pour se cons­truire dans la sta­bilité.

Alors intéressons-nous à lui de près (c'est ce qu'il veut), et encourageons-le tout en restant honnête.

  • C'est dur à faire ce que tu as choisi de dessiner, je te féli­cite pour tes efforts !

Vous pouvez même lui ex­pli­quer quel­ques bases. Enthousiasmé, il s'attel­lera à des dessins plus précis. Quand il en montrera un à sa maî­tresse, elle ne résis­tera pas à vouloir l'afficher sur le mur de la classe.

Remarque :
S'il s'agit d'un enfant en bas âge, la qualité du dessin n'aura bien sûr aucune im­por­tance. Le jeune artiste aura seule­ment besoin d'être encou­ragé (par l'inté­rêt qu'on porte à ses œuvres).
Proverbe musulman
Si la vérité est amère, ses fruits sont doux.

Le mental

Si vous ne mentez plus du tout, c'est déjà mer­veil­leux, mira­cu­leux, presque. Toute­fois, l'hon­nête­té com­plète peut être encore bien plus sub­tile qu'on le croit.

Le plus fourbe, le plus indétec­table – et pour­tant cons­tant – des men­teurs est celui qui enve­loppe notre esprit : le mental.

mental
Étymologiquement, mental vient de mentir. Le mental est donc la chose qui ment à l'esprit.

Le mental est ce qui génère les pensées et les émo­tions. Ces der­nières sont ce qui nous empêche de voir la réa­lité telle qu'elle est.

Nous croyons dur comme diamant tout ce qu'il nous montre et raconte. Comme nous y croyons au même titre que nous croyons ce que nous mon­trent nos yeux. Rassurez-vous, ce type de “men­songes” n'entra­vent toute­fois pas votre honnê­teté, car ils sont incons­cients. Inca­pable de différencier le réel de l'irréel, le mental ne fait que juger (bien, mal, alors que la réalité n'est ni bonne ni mau­vaise ; elle est).

Besoin d'un exemple de mensonge mental ? Affirmer :

  • Monsieur Tartempion a un visage effrayant, mais il sait faire un suc­culent soufflé au fromage.

Subjective, cette affirmation ne concerne que la per­cep­tion de celui qui l'a dite. Les petits chiens de Mon­sieur Tar­tem­pion, quant à eux, sont attirés par leur maître qui in­carne (pour eux) la sécu­rité, mais sont répu­gnés par son soufflé.

Des distractions au monde du travail, presque tout est suscep­tible de nous entre­tenir dans les men­songes mentaux. C'est pour­quoi les moines de toutes tradi­tions et les sages de tous hori­zons évitent tout ce qui nourrit le mental : les plaisirs sensuels, la musique, les films, la mode, le maquil­lage, le bavar­dage, etc.

Ils préfèrent se consacrer à l'esprit sans souci et sans aveu­gle­ment que pro­cure l'ins­tant présent.

Être pleinement dans la réalité, c'est être éveillé. À l'in­verse, on dort. On a les yeux ouverts, mais on rêve, on est dans les songes. D'ailleurs, on retrouve l'éty­mo­logie du mot songe dans mensonge.