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Visite guidée de notre perception du travail et de la rému­né­ra­tion, de leur face cachée qui se dé­voile quand nous inves­ti­guons au-delà des mots.

Comparaison avec le mode de vie de nos ancêtres, et celui des grands singes. Et finale­ment, des indices précis pour s'orien­ter vers ce qui a toutes les quali­tés d'un travail utile.

Suggestion
Lisez lentement. Prenez le temps de digérer. Les pages de ce site sont des concen­tra­tions d'infor­ma­tions utiles.

Le travail

Le travail, c'est quoi ?

Nous avons tous travaillé, nous parlons régu­liè­re­ment de tra­vail, mais quelle per­cep­tion en avons-nous ?

Un service ?

Un tra­vail peut être bénévole, c'est de la géné­ro­sité. Il peut être domes­tique, c'est une néces­sité pour le bon fonc­tion­ne­ment du foyer. Il peut-être forcé, c'est, selon, de l'escla­vage ou une puni­tion juri­dique. Toute­fois, ce qui nous inté­resse ici, c'est le tra­vail rému­néré.

La ques­tion sur laquelle je vous invite à réflé­chir est donc :

  • Qu'est-ce qu'un travail rému­néré ?

D'un point de vue conven­tion­nel, cer­tains seraient tenté d'affir­mer qu'il s'agit d'un service rendu en échange d'argent.

Un service ou un produit, mais ce dernier peut aussi être consi­dé­ré comme un service : celui de trans­former une matière pre­mière en un objet plus com­plexe.

Et naturellement, l'exécution de ce service peut deman­der plus ou moins d'efforts, et être plutôt phy­sique ou plutôt mental.

Ce n'est pas faux et tout le monde est d'accord sur ce fait, mais si nous voulons être très précis, comme nous allons le voir plus loin, ce n'est pas en ter­me de tra­vail qu'il convient de parler. De plus, cette no­tion induit beau­coup de vues erronées, comme l'iden­ti­fica­tion exces­sive des indi­vi­dus à leur emploi, et d'attri­bu­tion de valeur au poste occupé. C'est cela qui a contri­bué, dans la plupart des civi­lisa­tions, à créer un système de castes, que nous appelons joli­ment “classes sociales”.

Avant de pénétrer dans une vision plus perti­nente et plus réelle du tra­vail et de sa rétri­bu­tion, si vous le voulez bien, reve­nons un peu à nos ori­gines…

Occupation naturelle

Longtemps avant l'émergence des usines et des jour­nées de 8 heures de tra­vail (+ des heures de tra­vail domes­tique), durant des cen­tai­nes de mil­liers d'années, nos ancêtres vi­vaient en juste har­mo­nie avec la nature. Nul contrat n'était signé, chacun avait sa place au sein d'une commu­nauté qui ne dépas­sait pas quel­ques di­zaines d'indi­vidus. Nul besoin de service social ou de pension de retraite, il était natu­rel de prendre soin de ceux qui n'avaient pas la capa­cité de con­tri­buer à leurs besoins.

Le travail bénévole, le tra­vail domes­tique et le tra­vail “pour ses besoins” n'étaient qu'une même chose.

Les Hommes “d'avant l'Histoire” côtoyaient le danger en per­ma­nence, mais pour leur sub­sis­tance, ils se ser­vaient dans la nature, en cueillant, parfois en chassant. Et pour leur loge­ment, ils ne payaient pas de loyer, ils se con­ten­taient d'habi­tats fort simples. En ce qui concerne leur alimenta­tion, ils ne pas­saient vrai­sem­bla­ble­ment qu'une petite partie de la jour­née à la chercher.

Ils ne s'encom­braient pas de mode, de cos­mé­tiques, de maté­riel élec­trique, de com­ptes ban­caires ou de thé­ra­pies psy­cho­lo­giques. Ils dis­po­saient de tout leur temps pour se repo­ser, s'amuser, être avec leurs enfants, et aider ceux qui devai­ent l'être.

Le mode de vie de notre ancêtre ne devait guère diffé­rer de celui du chim­pan­zé (notre plus pro­che cousin), qui ne fait que cueil­lir, jouer, copuler et se déten­dre. Sa seule vraie con­train­te est de se tenir à dis­tance des pré­da­teurs.

L'Homme d'aujour­d'hui n'arrive même plus à jouir de ces pri­vi­lèges. De plus, il pollue tout, il se gave de pro­duits chi­mi­ques qui ravagent sa santé, ainsi que l'envi­ron­ne­ment, et manger un fruit natu­rel devient un luxe. Nos inven­tions moder­nes n'étaient-elles pas censées nous apporter plus de bien-être et moins de tra­vail ?

L'humain est réputé le plus évolué des animaux. Pour­tant, il est la seule espèce à détruire la nature, et à passer sa vie au tra­vail. Avant d'avoir popu­la­risé l'intel­li­gence arti­fi­cielle, aurait-il ré­pandu la bêtise natu­relle ?

Alors à qui ou à quoi la faute, de cette vie, qui pour beau­coup d'entre nous s'appa­rente à de la survie, et ce tra­vail à de l'escla­vage ?

Un génome égoïste

La seule chose qui n'a pu changer depuis, ce sont nos gènes. Chaque espèce de grand singe possède son propre géno­me. cer­tains vivent en vaste commu­nau­té, d'autres en petits groupes. Chez cer­tains, le par­tage est de mise, chez d'autres, ce sont les fe­melles qui font la loi, chez d'autres encore, le mâle du groupe s'appro­prie les fe­melles.

Concernant le singe à peau lisse – nous –, comme nul ne l'ignore, l'égo­ïsme est bien marqué. À l'échelle d'un petit groupe de chasseurs-cueilleurs, les plus malins s'oc­troy­aient quel­ques pri­vi­lèges. Mais tant que la nature était géné­reuse, tout le monde con­nais­sait la liberté.

Peu à peu, une minorité d'entre nous – ceux qui en ont eu le pouvoir – se sont tout accapa­ré. Main­te­nant encore, ils prennent le maxi­mum possi­ble, et la propor­tion de ce maxi­mum aug­mente de façon consi­dé­rable avec le concept de masse : le nombre d'indi­vidus réunis sous une même bannière.

À l'échelle d'une na­tion moderne, où les ri­ches­ses natu­relles se taris­sent de plus en plus, à renfort de lois, les plus malins pren­nent énor­mé­ment pour eux-mêmes. Ce faisant, ils con­trai­gnent la grande majo­rité à un labeur exces­sif pour un gain mini­mal.

Le gros gorille

C'est comme si un gorille prenait pour lui-même mille fe­melles et une forêt d'arbres frui­tiers, laissant des fruits de mau­vaise qua­lité à mille mâles seuls qui doi­vent consa­crer une grande partie de leur temps à effec­tuer des tâches pour lui. Aucun gorille n'ose con­tes­ter cette totale absence de liberté, d'éga­lité et de fra­ter­nité, depuis que quel­ques ancê­tres ont déci­dé de cer­tai­nes lois et titres de pro­pri­été sans limi­ta­tion.

Si nous consi­dé­rions, comme les Amérindi­ens, que la terre (et tout ce qu'elle produit) ne nous appar­tient pas, mais que nous appar­te­nons à elle, ou que l'équité était au cœur des lois, nous dis­po­se­rions d'en­core plus de temps libre que les singes, et tout le monde aurait une vie saine et con­for­table. Sans parler de robo­tisa­tion, censée accom­plir l'essen­tiel du tra­vail à notre place.

Uto­pi­que ? Mani­feste­ment, oui ! J'essaie seule­ment de mettre en relief la situa­tion actu­elle, qui bien sûr, est encore pire dans les pays pauvres.

Kassinou le détracteur

Ceux qui sont pas d'accord avec le sys­tème, ils ont qu'à aller vivre dans la forêt, comme Tarzan, ou sur une île, comme Robin­son !

Pour un week-end, pourquoi pas ! Mais pour la vie, qui en est-il encore capa­ble, dans les pays occi­den­taux ? Et je ne parle même pas de le faire avec un bébé dans les bras ! Quoi qu'il en soit, ce n'est plus possi­ble de nos jours.

Se bâtir une cabane est inter­dit, faire son jardin avec des graines natu­relles est illé­gal, vendre ses pro­duits sur le bord de la route aussi. En bref, tout ce qui ne contri­bue pas à engrais­ser les gros go­rilles est inter­dit.

Le labeur humain

Inhumain ?

Débattre des inégalités de la société inter­na­tio­nale n'est pas notre propos. Il s'agit surtout de dire que ce n'est pas une chose natu­relle d'être con­traint à consa­crer autant de temps à une acti­vité qui nous inté­resse rare­ment, et qui plus est, au détri­ment de sa vie de famille.

Expérience personnelle

C'était quand j'étais SDF. Lorsque quel­qu'un me regar­dait de haut, décla­rant fière­ment : « Je tra­vaille, moi ! », j'éprou­vais de la com­passion.

Certains disaient même : « Je galère, moi ! », comme si son emploi n'était qu'une tor­ture du matin au soir. Hélas, il n'est pas donné à tout le monde de dis­tin­guer les belles oppor­tu­ni­tés qui s'offrent cons­tam­ment à chacun d'en­tre nous.

Le stress

Le stress peut conduire à des pro­blè­mes graves. Pour­tant, il est facile à éviter. Même en plein sur­me­nage, il est très simple de ne pas céder au stress. Si si ! D'ailleurs, c'est exac­te­ment ce qui m'arrive en ce moment…

Expérience personnelle

Beaucoup de complications (à régler au plus vite) se produisent en même temps : des erreurs de code d'an­cien­nes pages empê­chent Google d'inde­xer le site. Des élé­ments des nou­velles pages s'affi­chent mal (avec mon smart­phone, j'ai du mal à deviner l'affi­chage sur grand écran), des messages à trai­ter, etc. En même temps, je veux ter­mi­ner cette pré­sente page sans atten­dre. Toute­fois, je ne peux pas bâcler le tra­vail (ce serait le comble, pour une page sur le tra­vail).

Pourtant, je reste paisible. Un esprit calme tra­vaille nette­ment plus effi­cace­ment. Parce qu'il est dans l'instant présent, concentré sur une seule tâche, l'une après l'autre.

Je prends même le temps de prendre soin de mes plantes, avec atten­tion et bien­veil­lance, comme si je n'avais que ça à faire de la jour­née.

Quel avan­tage peut apporter l'angoisse ? C'est plus fort que vous ? Non, c'est seule­ment parce que vous ne restez pas dans l'ins­tant. Au lieu de cela, vous jon­glez avec tous les pro­blèmes en même temps, et vous les gardez en tête comme s'il fallait tous les régler d'un coup. C'est cela qui crée de la tension.

De plus, un esprit détendu s'orga­nise beau­coup mieux. Par con­sé­quent, les risques de satu­ra­tion de tra­vail sont amoin­dris.

Le stress peut aussi s'installer quand le cer­veau chauffe un peu trop. À l'instar des muscles, il a besoin de res­pirer. Les escla­va­gistes qui obte­naient le meilleur rende­ment étaient ceux qui savai­ent oc­troyer des pauses à leurs escla­ves. Il est très impor­tant de s'accor­der régu­liè­re­ment une pause, même brève, durant la­quelle nous of­frons un repos com­plet à notre esprit. Nous ne réflé­chis­sons pas, nous pensons le moins possible, nous restons silen­cieux (et nous ne fumons pas !)

Personnelle­ment, quand je passe une jour­née à écrire, je me “force” à m'arrêter quel­ques minu­tes par heure ou toutes les deux heures. Idéale­ment, je fais quel­ques pas sous les arbres. Sinon, je vais à la fenêtre et je regarde un peu de vert. En cas de fati­gue phy­sique, je reste assis, fer­me les yeux, et ne fais rien de plus que ne le peut une statue.

Oppression et fainéantise

Si on vous demande plus de tra­vail que vous êtes capa­ble d'en effectuer en un temps donné, il serait rai­son­nable de ne pas s'y rési­gner. Con­sen­tir à l'oppres­sion est un manque de sa­gesse, tout comme peut l'être un abus dans le sens opposé : accom­plir moins de tâches que ne le stipule le contrat, ou encore, bâcler son tra­vail.

La voie du juste-milieu prévaut partout, pas seule­ment dans la médita­tion. N'ou­blions pas que c'est la qualité de son état d'esprit qui prime sur tout. Si notre éner­gie est belle, nos condi­tions de tra­vail seront satis­fai­santes, tout comme notre ren­de­ment.

En résumé, le travail juste passe aussi bien par le respect de soi même que celui envers les autres.

Avertissement

Travaillez avec modération. La pro­duc­ti­vité excessive peut être dan­ge­reuse pour la santé.

De plus, elle ne profite qu'à ceux qui sont sur les plus hautes branches.

Travailler plus pour gaspiller plus

Nous sommes tant habi­tués à travailler la jour­née entière que nous croyons cela normal. En outre, en dehors de l'aber­ra­tion des gorilles, nous nous en infli­geons une autre. Si nous brûlons le temps de notre vie – et des fois notre santé – à nous érein­ter pour de la rému­néra­tion, ce n'est pas seule­ment pour nos besoins, nos envies et pour les impôts. C'est aussi pour rému­nérer les per­sonnes qui prennent soin de nos enfants (je parle de nounou, pas de l'école), de nos parents âgés, et de nous-mêmes quand on est malade d'avoir trop tra­vaillé !

Si vous êtes dans ce cas, est-ce que vous réa­lisez bien ? Plutôt que de pro­fi­ter de vos enfants, vous aller tra­vailler deux heures de plus afin de payer des gens pour qu'ils s'en occu­pent pen­dant ces deux heures. Et quand vous rentrez épuisé(e), vous n'avez plus la force de jouer avec eux.

“Labourer” du matin au soir a aussi des réper­cus­sions dans le domaine affec­tif. Il ne faut pas s'étonner de fré­quents débor­de­ments de sen­ti­ments et de ten­dresse, qui peuvent inciter à l'adul­tère.

Identifica­tion

Le mental tend à s'identifier à ce qu'il fait. Cela est d'autant plus vrai pour l'activité pro­fes­sion­nelle, étant donné que nous y consa­crons notre exis­tence. Quand on nous demande :

  • Que faites-vous ?

Nous répondons rare­ment :

  • Je fais du pain.

Mais plutôt :

  • Je suis boulanger.

Nous sommes finalement peut-être plus pro­ches des fourmis que des singes. Dès la nais­sance, celles-ci sont déjà des­ti­nées à l'emploi qu'elles effec­tue­ront toute leur vie ; cer­taines seront soldats, d'autres seront nourri­ces…

Les singes ont des inventions un peu moins sophistiquées que les nôtres, est-ce un réel pro­blème ? Mais surtout, béné­ficieraient-ils d'un meilleur sys­tème de rétri­bu­tion ?

Kassinou le détracteur

Faut pas exagérer quand même, il y a des singes qui passent beau­coup de temps à chercher leur nourri­ture.

Avec le peu de forêt que les humains leur laissent, c'est possible. En tout cas, as-tu déjà vu un singe souf­frir de stress, ou subir un burn-out ?

Au fait, Kassinou, tu interviens bien sou­vent, aujour­d'hui !

Kassinou le détracteur

Qu'est-ce que tu crois ? Je ne chôme pas !

  • Moi non plus d'ailleurs.
  • Qu'est-ce que tu fais ?
  • J'observe la nature, les choses, les gens, mon esprit, pour voir comment tout cela fonc­tionne. J'œuvre à net­toyer mon esprit de la mon­tagne de néga­ti­vité qui con­trôle l'huma­nité. Je cul­tive un com­porte­ment aussi sain que possible. C'est un bou­lot de 15 heures par jour, sans di­manche.
  • Comment tu es rémunéré ?
  • En énergies, directement.
  • Tu as des problèmes d'argent ?
  • Aucun !
  • Comment ça se fait ?
  • Parce que je n'ai pas d'argent !
  • Tu n'en veux pas ?
  • Pour l'instant je n'en ai pas besoin. Si je viens en Europe, on verra bien…
  • Et puis tu passes aussi beaucoup de temps à écrire, à ensei­gner, et même à te prendre la tête des semai­nes en­tières sur le code de ton site ! Quelle diffé­rence avec les “humains-galériens” pour qui tu as tant de com­passion ? Que tu es libre ? Que tu bosses quand tu veux ? Que tu choisis ce que tu fais ?
  • Oui, mais avant tout, je ne fais rien pour engrais­ser les gros gorilles, et par voie de con­sé­quence, entre­tenir l'écart des castes socia­les. J'essaie seu­le­ment de fournir des indi­ca­tions utiles, aussi bien aux petits gorilles qu'aux gros, à ceux qui ont des oreil­les, en tout cas.

Une définition du travail

S'il fallait se risquer à une brève défi­ni­tion noir sur blanc (ou vert foncé sur jaune) :

travailler, c'est avant tout un moyen de pro­duire de l'argent – à tra­vers un ser­vice, comme nous l'avons vu. Mais qu'est-ce que l'ar­gent ?

argent
Énergie à conserver matérielle­ment. Ou plus exac­te­ment :

Énergie morte (ou factice) per­mettant l'échan­ge d'éner­gies réelles de façon à en diffé­rer à volon­té le temps et le lieu.
Que faites-vous ?

— Que faites-vous ?
— J'ai cessé de faire quoi que ce soit.
— Qui êtes-vous pour vous permettre de ne rien faire ?
— Plus personne puisque j'ai cessé d'être, aussi.

Tu ne fiches rien !

Vers la liberté

C'est en renonçant qu'on se libère. Ainsi, plus nous renon­çons au tra­vail à temps (trop) plein, plus nous nous libé­rons. Le renon­ce­ment se produit con­join­te­ment au déta­che­ment, grâce à de l'habi­tude, à de la vigi­lance et à de la prise de cons­cience.

Avec le travail, le problème n'est pas de s'en dé­faire ; pour s'en assurer, il suffit de cons­tater toute la joie que peu­vent évo­quer les vacan­ces. La diffi­culté, c'est l'atta­che­ment à la rému­néra­tion : le prin­ci­pal moyen d'obte­nir tous nos plai­sirs.

Métaphore de la maison du renoncement

La maison du renoncement est certes haute, mais qui a dit qu'il fallait sauter en haut d'un seul coup ?

La maison du renoncement se monte étage après étage, et chaque étage se monte marche par marche.

Une marche est toujours facile à monter.

Et si tout le monde faisait pareil ?

Kassinou le détracteur

Tu prêches tout le temps le renon­ce­ment, mais si tout le monde faisait pareil ?

Ce serait trop beau ! Nous baigne­rions tous dans la bien­veil­lance et la séré­nité. La nature reviendrait… natu­relle ! Pleine de forces, elle nous offrirait en abondance tout ce dont nous aurions besoin. Et un renon­çant sait se montrer poly­valent, quand il le faut. Par exemple, beau­coup croient que les moines ne font rien d'autre que méditer (le pro­blème est plutôt inversé). En fait, ils confec­tion­nent leurs habi­ts, entre­tien­nent leur monas­tère, ensei­gnent tout ce qui est impor­tant à savoir, etc. Bref, rien ne peut être plus viable et en­viable qu'un monde de renon­çants.

Mais si cette perspective t'in­quiète, je te rassure : ce ne sera jamais le cas. Le cours des choses est tel que tout a été, est et sera tou­jours varié.

Par contre, si tout le monde faisait pareil que toi, tu ima­gines, un peu ? Ou alors : que des plom­biers sur Terre ? Que des secré­taires ? Que des ven­deurs ?

Kassinou le détracteur

Beau parleur ! Tu bosses parfois sur ton site (qui ne serait rien, sans moi), mais à part ça, tu fiches rien !

Parfaitement ! Mais toi aussi, tu peux y arriver, un jour, si tu t'en­traînes bien. Courage !

Kassinou le détracteur

Je veux dire… Tu bosses pas vraiment, tu pro­fites des autres !

Si on travaille, c'est avant tout pour soi, pas pour les autres ! Qui peut dire qu'il tra­vaille pour les autres, dès lors qu'il four­nit un service devant être payé (par un client ou un employ­eur) ? En plus, après les besoins vitaux, cette paie est uti­lisée pour des choses pas indi­spen­sa­bles, n'est-ce pas ?

Le travail du renonçant

Ne rien faire

Tu as raison, Kassinou, je ne fiche rien : je ne bois pas, ne dîne pas, ne me divertis pas, ne me pare pas, ne m'affale pas, n'em­brasse pas, ne mens pas… C'est précisé­ment de ne rien faire qui te donne tout ce dont tu as besoin. Tu ne peux pas ima­giner les avan­tages. Essaie donc et vois par toi même ! Mais pré­pare-toi, d'abord. On ne quitte pas du jour au len­de­main son tra­vail, sa famille, et on ne renon­ce pas d'un coup à ses posses­sions, à ses dis­trac­tions et plai­sirs habi­tuels, pour s'asseoir là, dehors, immo­bile et pai­sible, sans savoir où l'on dor­mira ce soir, sans se deman­der comment l'on trou­vera à manger demain, ne se souciant de rien d'autre que de l'ins­tant présent.

Es-tu prêt ?

Kassinou le détracteur

Être privé de désir ? Ça ne m'intéresse pas !

C'est ton choix. Quoi qu'il en soit, chacun finit par obte­nir ce qu'il mérite. Je peux seu­le­ment te dire que lors­que tu vis sans suivre tes désirs, le bon­heur que tu obtiens en retour vaut bien plus que tous tes petits plai­sirs.

Dialogue imaginaire entre un renon­çant et un “tra­vailleur”

  • Feriez mieux de travailler, fainéant !
  • Je m'attelle continuellement à l'aban­don des atta­che­ments et des états d'esprit nui­sibles.
  • Je veux parler d'un boulot normal.
  • Je n'ai besoin d'aucun salaire. Je partage mon expé­rience pour être utile aux autres. Je ne deman­de jamais rien à per­sonne. Que me repro­chez-vous ?
  • Tu dépends des autres !
  • Comme tout le monde ! Sauf que moi, je ne prends pas d'argent et que les gens me donnent avec joie et jamais parce qu'ils ont besoin de quel­que chose.
  • Avec un vrai boulot, vous pourriez avoir plus de choses !
  • Votre mode de vie ne m'inté­resse pas. Je le trouve trop confor­table pour cul­ti­ver les qualités de l'esprit.

travail et attachement

Un métier en soit est une belle chose, c'est la richesse d'un savoir-faire. Il est juste dommage que “tra­vail” rime souvent avec “ser­vi­tude”. Nous en sommes malheu­reuse­ment accros, car c'est le seul moyen d'éco­nomiser des “éner­gies mortes conser­va­bles” pour s'offrir les plai­sirs aux­quels nous sommes atta­chés.

Le salaire

Ne pas confondre “heureux” et “euros”

De nos jours, le montant de son salaire fait souvent l'objet d'une obses­sion. Une telle pré­occu­pa­tion est insen­sée, pour ne pas dire mal­saine. Dans le salaire, nous voyons le moyen d'obte­nir les choses qui sont suppo­sées nous rendre heureux. Pour­quoi ne pas nous occuper directe­ment de ce qui rend heureux ?

Vous imaginez un peu, beaucoup de gens sont convain­cus qu'ils serai­ent plus heureux s'ils avaient un salaire plus élevé. Au lieu d'avoir cons­cience de la réa­lité éner­gétique, ils fan­tas­ment sur des papiers imprimés.

Néanmoins, aussi longtemps qu'ils n'auront pas éduqué leur esprit à l'accepta­tion et à un mini­mum de déta­che­ment, brasser plus d'argent ne leur fera que brasser plus de pro­blèmes. Ils ne seront pas à l'abri du mécon­tente­ment ; ils seront rare­ment satis­faits de leurs nou­velles acqui­si­tions. Cela est pire qu'un manque d'argent.

Alors, qu'est-ce qui peut donc rendre heureux, si ce n'est la généra­tion d'éner­gies posi­ti­ves ? Haut ou bas salaire, salaire ou pas, si votre jardin d'éner­gies est bien cul­tivé, le bien-être ne pourra qu'être au rendez-vous.

Le dicton dit :

  • Toute peine mérite salaire.

Or, vous pouvez bénéficier de beaucoup mieux :

  • Toute énergie saine donne pur bien-être.

Alors pourquoi courir après de l'éner­gie morte ? Pour­quoi ne pas se con­cen­trer sur le contente­ment direct ?

Vous l'avez certainement entendu, ou peut-être ressenti : les per­sonnes les plus heu­reuses sont celles qui vivent le plus simple­ment. Vous aspirez déjà à plus de sim­pli­cité ? Je suis heureux pour vous ! Mais si vous vous deman­dez ce qu'il vous manque pour être heu­reux(se), essayez de vous poser la ques­tion dans l'autre sens…

On bénéficie d'autant de bonnes éner­gies qu'on en crée. Qui­conque en fournit peu, en aura peu pour lui en retour. Comme cela est expliqué dans l'article sur les éner­gies, c'est la qualité des états d'esprit, plus ou moins sains ou plus ou moins mal­sains, qui génè­rent les éner­gies en consé­quence.

Si l'argent est une énergie déshydra­tée, l'éner­gie béné­fique, à l'inverse, ne nécessite pas de contrat, elle ne peut ni se voler, ni se perdre.

Voici la phrase clé de cet article :

Le travail rémunéré est un moyen qui per­met la pro­duc­tion d'éner­gies posi­tives à ceux qui n'en pro­dui­sent pas spon­ta­né­ment, ou en tout cas pas suffi­sam­ment.

Précision importante : dans le contexte du tra­vail, les éner­gies posi­tives sont des éner­gies stoc­kées. Mal emplo­yées, elles peuvent être trans­for­mées en éner­gies néga­tives, ce qui est impos­sible avec les éner­gies natu­relles.

Quand notre niveau d'énergies pures est élevé, que nous ayons un emploi rému­néré ou pas, cela ne fait plus de diffé­rence.

Que gagnez-vous ?

Avant de vous demandez combien vous gagnez, deman­dez-vous ce que vous gagnez. On se borne souvent à ne voir que des chiffres.

Kassinou le détracteur

J'ai rêvé, ou des fois je te vois consulter les sta­tis­tiques de vues de ton site ?

Oui, bon, ça va, toi ! Je disais donc… On se borne souvent à consi­dé­rer le mon­tant de son salaire. Ce qu'on gagne, en réa­lité, c'est telle­ment autre chose. Un petit exemple s'impose…

Mlle A (pour Avide) et Mlle B (pour Bien­veil­lante) exer­cent le même emploi et per­çoi­vent le même salaire. Mlle A fait tou­jours le mini­mum. Elle com­pte les minu­tes, rallon­ge au maxi­mum les pauses-café, râle à chaque diffi­culté. Mlle B, quant à elle, veille à bien satis­faire la clien­tèle, se plaît à entre­tenir de bonnes rela­tions avec ses colla­bo­ra­teurs, considère chaque diffi­culté comme une oppor­tunité d'apprendre.

Qui ne devinerait pas aisément laquelle de ces deux femmes gagne beau­coup plus que l'autre, est aimée et choyée de tous, rentre chez elle le cœur léger, le sourire aux lèvres, l'esprit dé­tendu ?

Si vous comprenez véritablement ce que “gagner” signifie, les qualités inté­rieures devien­dront votre intérêt prio­ri­taire.

Certains sont bien payés et ne font qu'enchaî­ner pauses et bavar­dages, et d'autres sont au chômage, mais passent leur temps à nettoyer, trans­porter, aider… Injus­tice ? Non, puisque les éner­gies se chargent de tout réguler. Vous l'aurez com­pris, “avoir un tra­vail” et “avoir de l'argent” ne veulent pas dire grand chose, mais “soigner ses éner­gies” veut tout dire.

Pour vivre, un abri et un peu de nourriture suffisent. Situa­tion abu­sive excep­tée, n'im­por­te quel salaire four­nit plus que cela. Si nous le trou­vons trop bas, ce peut être à cause de notre gour­mande avi­dité, qui est la ten­dance natu­relle – et nuisible – d'un esprit non dompté. À moins qu'il ne s'agisse de la jalou­sie, celle du singe envers celui qui se trouve sur une plus haute branche.

Dans tous les cas, interrogeons-nous plutôt pour savoir si ce qui est trop bas, ce ne serait pas nos éner­gies bien­fai­trices.

Le travail utile

Avant d'effectuer une tâche importante (une opéra­tion, un discours…), cer­taines per­sonnes s'octroient quel­ques minutes de médi­ta­tion, comme la pleine cons­cience à la res­pira­tion. Ce moment d'éner­gie pure est si bien­fai­sant qu'il rend le tra­vail fluide et précis. Mais il est dommage d'em­ployer ce noble tra­vail inté­rieur seule­ment au service d'un tra­vail matériel ou mental.

Et si ces minutes d'énergies favorables étaient des heures ? On ne soup­çonne pas les béné­fices de cette paix, c'est telle­ment plus que calmer son stress pour mieux produire.

La bonne nouvelle, c'est que cette puissante paix est acces­sible à n'impor­te lequel d'en­tre nous. Il suffit de pa­tience pour savoir la guetter, et elle s'instal­lera d'elle-même, comme un animal sauvage, dès qu'il sent que vous avez aban­donné toute hosti­lité et toute agita­tion.

Certes, ce travail intérieur prend du temps à s'appri­voiser. Pour le faciliter, il n'y a rien de tel que de s'habi­tuer aux états d'esprit sains, qui eux, peuvent se cul­tiver pendant le tra­vail ordi­naire. Et vu que ce qu'ils rappor­tent, c'est infi­ni­ment plus que de l'argent, alors pour­quoi s'en priver ?

Proverbe français
Petit à petit, l'oiseau fait son nid.

Vous pensez avoir malgré tout besoin d'un minimum d'argent pour obte­nir loge­ment, nourri­ture et vête­ments ? La diffi­culté, c'est que tout se fonde sur l'argent. Cela offre cer­tains avan­tages, mais accroît les iné­ga­lités et étouffe les éner­gies posi­tives. Les grands singes que nous sommes ont telle­ment mis leur con­fiance dans cette éner­gie déshy­dra­tée qu'il est diffi­cile aujour­d'hui de faire sans, bien que la possi­bi­lité existe.

L'option qui permet de vivre hors de portée de la grande mâchoire du tra­vail rému­néré, sans être un rebelle ou dans l'incapa­cité, c'est de faire du plein temps… dans la culture des éner­gies bien­fai­trices.

Pour cela, le seul effort nécessaire est de lâcher les mau­vaises habi­tudes, qui sont comme des freins à main. Il n'y a qu'à les desserrer. Nous deve­nons comme le soleil. Il ne fait rien, à part être ce qu'il est, et il rayonne cons­tamment d'une puissan­te éner­gie.

Quelle plus noble tâche que celle d'accepter pleine­ment, humble­ment et patiem­ment les choses telles qu'elles sont, sans chercher à trans­former, à laisser sa trace, à se faire plai­sir. La grande marque de sagesse n'est pas d'accom­plir des choses fabu­leuses, mais de s'abstenir, de renon­cer, de se res­trein­dre. De plus, le renon­ce­ment et la médi­ta­tion ont une grande influ­ence posi­tive sur les autres.

Quand vous n'émettez que des états d'esprit justes et avenants, sans même avoir à le souhaiter, tout prend soin de vous. Vous imprégnez tant votre envi­ronne­ment d'éner­gies posi­tives que vous n'offrez plus d'em­prise à la néga­ti­vité. Vous serez donc, entre autres, à l'abri de la faim et du froid. Surtout, vous four­nis­sez à votre esprit le meilleur terreau au déve­lop­pe­ment de la sagesse.

C'est ce que j'appelle un travail utile. Il ne nécessite aucune forma­tion préa­lable, et rap­porte beau­coup plus que n'im­por­te quel emploi.

Si le métier de renonçant vous inspire, voici vos prin­ci­pales missions :

  • Rester dans le présent.
  • Voir les choses telles qu'elles sont.
  • Accepter chaque situation.
  • Calmer l'esprit.
  • S'abstenir de tout superflu.
  • Cultiver les énergies positives.
Kassinou le détracteur

S'abstenir de tout superflu ? Quand je vois avec quel plai­sir tu dégustes du fromage puant, je m'inter­roge sur ta qualité d'ascète…

Quand ai-je déclaré être un ascète parfaite­ment accom­pli­ ? Il ne suffit pas de signer un for­mulaire !

Proverbe français
C'est en forgeant qu'on devient forgeron.

De même, c'est en astiquant (son esprit) qu'on devient ascète.

L'expérience de la guimauve

Connaissez-vous cette fameuse expérience ? On laisse un enfant assis sur une chaise, seul 15 inter­mi­nables minutes avec une gui­mauve posée devant lui. Avant, on lui dit :

  • Fais ce que tu veux, mais si tu ne touches pas à cette gui­mauve, quand je reviens, tu en auras deux.

La plupart des mioches craquent avant la fin.

À présent, c'est vous qui vous installez sur la chaise des gamins. Et l'on vous dit :

  • Faites ce que vous voulez, mais si vous ne touchez pas aux dis­trac­tions, aux désirs et aux posses­sions pendant 15 années, vous aurez un tel déta­che­ment et une telle vigi­lance que vous serez 9 fois plus heureux(se), plus en paix et plus libre qu'aupa­ravant.

Ce qui est formidable, c'est qu'avec une bonne accepta­tion, n'est un peu difficile que la pre­mière année.